Sommaire : La Tour de Bollinger, projection d’une âme humaine par D. Lafarge – Cabane, tente, grotte et montagne par J. C. Mondet – La cabane :  le lieu le plus précieux de G. Cozzari – Moïse et le faisceau de laser sortant de la Caverne de M. Vidal – De la caverne et de la Cabane par N. Auzas-Mille – Habitat n° 9 - Avenue de la substance de P. Heckmann – L’esprit de la cabane dans le paysage artistique et architectural contemporain de R. Dauxois – La Cabane et la caverne : la grotte de la vie intérieure de F. Brin –  Où il est question de transition et d’hommes de la caverne par C. Valsardieu – La cabane initiatique, une approche dans la Tradition musulmane de H. Atrous – Le mythe de la caverne de P. Pelle le Croisa – Faire retrait, la loge comme caverne initiatique par G. Bertin.

Recension de Rémi Boyer :

Le titre de ce numéro attire le lecteur à juste raison. Les deux mythèmes de la cabane et de la caverne traversent les traditions à la fois dans le temps et dans l’espace et sont au cœur de pratiques fort différentes.

Les approches traditionnelles ou universitaires se croisent pour étudier, saisir, les rapports profonds et complexes, conscients ou inconscients, entretenus par les êtres humains à la demeure, à l’habitat, qu’il soit externe ou interne. Dans son éditorial, Gilles Cozzari insiste à plusieurs reprises sur le renouvellement permanent de ce rapport.

« Au-delà de la maison, dit-il, cette fille de la cabane, les concepts, les systèmes appliqués aux solutions qu’attend l’humanité à chaque génération, doivent apparaître au grand jour. Et cette épiphanie toute conceptuelle est toujours, la source d’une vraie Renaissance. En d’autres mots : plutôt que vouloir être initié, il faut espérer être innovateur ! C’est par la création que l’humain se réalise, et jamais en ressassant des schémas dépassés. »

Ces propos font écho aux deux dimensions, à la fois simultanées et séquencées, de l’initiation, l’imitation et l’invention, une respiration qui fait sens tant dans la vie intérieure que dans la construction de l’habitat. Pour Georges Steiner, l’architecture était le seul art resté réellement vivant et créateur. Nous avons à travers les manifestations de l’archétype de la demeure un marqueur du chemin initiatique. Il est à la fois source, finalité, et jalon permanent dans le processus initiatique. Grotte ou cabane, la demeure relie davantage qu’elle n’isole.

C’est un très beau thème, peu mis en avant, qui est exploré dans ce MAP. De la tradition musulmane à la psychanalyse, la multiplication des regards permet au lecteur de s’interroger et découvrir quel rapport il entretient lui-même à la grotte ou à la cabane, aussi vivantes l’une que l’autre.