Abrégé initiatique et maçonnique de François Brin

Recension de la Lettre du Crocodile : 

François Brin a choisi la modalité de l’abrégé ou de l’abécédaire pour rédiger ce court essai, bien davantage qu’introductif à l’initiation. Fruit de son long parcours dans le monde des traditions, ce nouvel ouvrage dresse à plusieurs reprises un portrait sombre du monde initiatique, ou qui se prétend tel, de notre époque pour mieux mettre en évidence les éclairages apportés, éclairages qui font appel souvent à la langue des oiseaux ou à l’enchâssement des mots.

Exemple à propos de la bougie :

« La bougie est l’élément qui propose un des feux ultimes de la création sur les trois feux existants, sans lui aussi rien ne se fait. Rien ne se crée bien qu’il ne soit pas celui qui est appelé Feu, la lumière, le logos, le verbe, etc. Mais les écoles initiatiques modernes, risibles en leurs actes, mais un rire jaune, pour des raisons d’assurances, administratives, qui créent leurs groupes sous forme juridique d’associations et proposent l’utilisation de Led comme son nom l’indique, c’est « laide » qu’il faut lire naturellement. Les éléments s’expliquent d’eux-mêmes d’où la nécessité de « perce-voir » cette langue appelée « des oies des eaux », dauphins des eaux, secret des eaux qui là également propose une lecture différente de compréhension et de niveaux de compréhension. La flamme est d’or et d’azur, bleue et jaune, eau et feu… »

L’hermétisme est très présent dans ces pages, souvent sous un mode allusif, mots, nombres, images qui alertent, parfois éveillent. François Brin a choisi vingt-six mots qui se déroulent en un fleuve de sons et de mots, un fleuve de sens qui irrigue des îlots essentiels. Au cœur du développement, émerge un rappel, à soi, à la voie, à l’essence, dans une belle oscillation entre pratique traditionnelle et métaphysique.

Ainsi à propos de la chevalerie, François Brin rappelle :

« Le chevalier chevauche la tradition. Cela est plus important qu’il n’y paraît car ne chevauche-t-il pas le zodiaque aussi ? Celui-ci ayant une incidence sur le monde et donc sur le chevalier qui connaît.Mais fait à ne point omettre ; cette chevalerie est une chevalerie de connaissance. C’est une chevalerie spirituelle. Et « spirit », c’est le souffle.Le chevalier conduit le souffle. »

Cet abrégé n’est pas un ensemble de simplifications ou de survols mais bien au contraire une double queste de la hauteur et de la profondeur jusqu’à leur coïncidence. Il convient de lire, avec attention, plusieurs fois, ce qui est proposé. En peu de pages, beaucoup est dit, ou indiqué, le lecteur doit laisser à la densité le temps de se déployer.

Voici encore deux extraits pour vous convaincre de découvrir cet enseignement :

« L’imposition des mains n’est pas un sketch comme nous le voyons trop souvent. L’imposition des mains n’est pas symbolique ou un symbole. Que nenni ! Elle est véritable. D’où le « nombre » V et la lettre W, cinq doigts de la main et deux mains. Lorsque vous avez les deux, c’est-à-dire une imposition de mains réelle plus les documents, quel donum dei et si en plus une révélation qui va souvent avec alors vous transmettez, sinon le message est erroné et se perd dans les méandres humanistes qui n’ont rien à voir avec la transcendance transmissive. Avec la véritable initiation. Avec ce feu qui initie et qui ouvre le seuil de la porte tel un véritable ignitié. »

Et encore :

« Vert, c’est la garde de l’épée qui vient du ciel. L’épée.Vert, c’est le vase

Vert, c’est le printemps. Printemps se dit ver en latin, vernalis, printanier, vernal. Ver sacrum, c’est la consécration du printemps. Vert, c’est une souris verte. Tout cela représente l’identique élément qui descend d’entre le soleil et la lune, stylisés par le O et le C, donnant OC. C’est le nom du cri de l’oie ce OK. Auk ! Il y a bien une raison à cela. C’est aussi le chêne prononcé Ôk, Oak en anglais. C’est un grand secret. »

D’ailleurs à propos du Vert, ce livre intéressera tout particulièrement les Maîtres Ecossais de saint-André du Rite Ecossais Rectifié avec les pages consacrées au Quatre de chiffre, au Xhrist ou à Jean-Baptiste Willermoz…

Reension de Yonnel Ghernaouti : https://450.fm/2023/11/27/abrege-initiatique-et-maconnique/

Généralement un abrégé, en matière de livre, est un texte qui a été condensé pour n’en conserver que les points essentiels. Il s’agit d’une version raccourcie d’un ouvrage plus long, où seules les idées principales et les éléments clés sont maintenus, souvent dans le but de fournir un accès rapide à l’information mais surtout de faciliter la compréhension d’un sujet qui, au premier abord, peut sembler compliqué…

En vérité, ici et maintenant, rien de cela. François Brin, dépositaire de plusieurs enseignements ésotériques, ancien professeur à la Faculté des Sciences Humaines a écrit plusieurs ouvrages dont De la tradition à la transmission, Les Lumières de Compostelle, La Levée de la Lumière, Brèves et secrets, Le Père et le Fils (Éd. SDE, 2004), mais est aussi un contributeur bien connu de la fameuse revue Matières à penser (MAP), dont nous avons déjà à plusieurs reprises rendu compte, souhaite partager ses premiers pas dans le monde de l’initiation. Et donner, surtout à celles et ceux qui n’ont pas encore franchi la porte, quelques éléments clés.

Un abrégé initiatique et maçonnique est donc un texte qui résume ou condense les enseignements et les connaissances liées aux rites et aux symboles de la franc-maçonnerie. Il est destiné à instruire les membres de l’ordre ou donner quelques pistes incitatives aux non maçons,  sur les aspects essentiels de la pratique maçonnique, sans toutefois divulguer les éléments les plus profonds ou secrets, qui sont réservés à l’expérience personnelle de l’initiation et de la progression au sein de la fraternité. Il inclut donc des explications de symboles, des descriptions et des synthèse de maçonniques, des études sur l’apôtre Jean, Saint Roch, Marie, Jean-Baptiste Willermoz ou encore sur le sens secret de certains mots :  Lumière, feu, esprit, alchimie, oie…

Prenons pour exemple le mot « Tonnerre », François Brin l’associe aux mots « Travail, Théoclétès, Tau, Templiers,  Témoins, Tarot, Torah, Trois ».

Une déclinaison pouvant évoquer des associations conceptuelles possibles, comme l’idée d’un travail puissant ou d’une force naturelle implacable, comme un travailleur infatigable ou encore pour le Tau, 19e lettre de l’alphabet grec, pouvant être associé, dans certains contextes, à des symboles de résistance ou de salut, pouvant être mis en parallèle avec la puissance du tonnerre. Quant aux Templiers, ordre militaire chrétien médiéval, le tonnerre pourrait métaphoriquement évoquer leur impact ou leur puissance…

Un ouvrage qui balisera le chemin et apportera un certain éclairage.

Petit livre, grande sagesse.