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PROCESSUS POLITICO-RELIGIEUX DANS L'ALGERIE COLONIALE- H. Atrous

22,00 €
TTC

Processus politico-religieux dans l'Algérie coloniale  de Hocine Atrous,  Préface de Cheikh Khaled Bentounès,

194 p. 165 x 240, Nbreux Ill. & Documents   ISBN 978-2-8103-0302-1

Rayons : Histoire moderne, Anthropologie, Algérie...

Mots-clés : Alawiyya - Oulémas - Cheikh Al-Alawi - ibn Badis - Larbi Tébessi - Abd el-Kader  ...

L’auteur démontre comment les autorités coloniales françaises se sont appuyées sur tout un réseau de notables religieux musulmans qu’elles avaient mis en place pour asseoir leur domination sur la population autochtone. 

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Cheikh Khaled Bentounès : L’Algérie s’apprête à célébrer les 60 ans de son indépendance... il reste à revisiter les petites histoires qui ont fait l’Histoire et tenter, par une lecture objective et contrastée des évènements qui ont noirci les pages de l’histoire de nos siècles passés, de dépassionner le présent... C’est cet effort courageux qui est entrepris depuis plusieurs années par de jeunes historiens ....

Hocine Atrous, l’auteur de la présente étude  a tenté d’apporter sa contribution en décrivant les processus politico-religieux qui ont conduit à la manipulation des autorités coloniales d’alors en Algérie en opposant entre elles les forces vives musulmanes du pays... Les recherches effectuées par l’auteur sur les acteurs principaux, les confréries religieuses se réclamant du soufisme (taçawwuf) et l’association des oulémas algériens de tendance réformiste néo-wahhabite, nous éclairent sur la situation de l’époque qui reste encore mal connue du grand public.

David Frapet : 

Le contenu de cet ouvrage, Processus politico-religieux dans l’Algérie coloniale, s’inscrit dans l’affirmation du principe incontournable du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il demeure d’une brûlante actualité, car tout ce que le peuple algérien a subi comme violence physique et symbolique de la part de la métropole colonisatrice, d’autres peuples l’ont subi avant lui, et le subissent encore, y compris en Europe. L’auteur démontre comment les autorités coloniales françaises se sont appuyées sur tout un réseau de notables religieux musulmans qu’elles avaient mis en place pour asseoir leur domination sur la population autochtone. L’ ouvrage montre également que les agents locaux opposés à la colonisation française ne formaient pas un bloc homogène, mais qu’ils se répartissaient plutôt en diverses tendances, réformistes ou traditionalistes. L’approche des structures religieuses sont particulièrement développées, en faisant découvrir au lecteur de nombreux figures politiques, journaux, et plusieurs cheikhs soufis, en s’appuyant sur l’exemple de la tariqa alawiyya ou l’association des Oulémas. De plus, dans cet ouvrage, nous rencontrons des personnages très hauts en couleur, aux limites du Romantisme, tels que Roches ou le colonel Schœn. Roches - pour ne précisément citer que lui –, converti à l’Islam, fut un temps le secrétaire de l’émir Abdelkader, puis servit ensuite les autorités coloniales avec zèle, au point de solliciter des grandes universités islamiques, l’édiction de fatwas en faveur de la colonisation française pour ôter toute légitimité politico-religieuse à quiconque appellerait à combattre les Français sur le territoire algérien. Ce livre permet aussi de se familiariser avec l’histoire de l’association des Oulémas algériens fondée en 1931, une structure qui joua un très grand rôle dans l’histoire de l’Algérie moderne. Hocine Atrous apporte ainsi un éclairage original et neuf sur l’histoire de la colonisation de l’Algérie par la France entre 1830 et 1962.

Hocine ATROUS : Diplômé de l’université de l’Emir Abdelkader de Constantine et de l’université Lumière de Lyon, Hocine Atrous est historien et conférencier.  Il publie, traduit des textes et participe à des débats sur des sujets liés à la Tradition musulmane pour une meilleure approche auprès d’un large  public. Déjà publié « Les 99 noms de Dieu dans la Tradition musulmane » et de nombreux articles dans la revue Matières à Penser. 

Recension de Rémi BOYER : 

Hocine Atrous, écrivain, poète, historien, spécialiste des sciences sociales, propose un regard renouvelé sur l’histoire de l’Algérie, affranchi des résidus idéologiques colonialistes qui continuent de polluer les relations franco-algériennes.Son objectif est de nous faire saisir les mécanismes de domination et de désintégration mis en place par la France colonisatrice et au-delà les modèles d’asservissement toujours à l’œuvre partout où le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est bafoué.

Dans sa préface, le Cheihk Khaled Bentounes évoque l’indispensable « justice de l’Histoire, celle qui se construit à la lumière de la mémoire collective ».

C’est par l’axe des structures religieuses que Hocine Atrous aborde ce sujet très complexe. « La religion, nous dit-il, offre des opportunités pour légitimer le pouvoir colonial et sa politique en Algérie, ou bien pour faire face à des révoltes politiques, sociales ou nationalistes. » Il s’appuie sur les travaux de Max Weber afin d’illustrer comment la politique coloniale a instrumentalisé l’islam en manipulant trois autorités, celle du prêtre (charisme de fonction), celle du sorcier (charisme traditionnel) celle du prophète (charisme de révélation) c’est-à-dire, concernant l’Algérie, aux saints de la tradition soufie et aux théologiens, oulémas, des institutions.

Hocine Atrous est conduit à analyser les relations entre les ordres soufis qui furent à l’origine des soulèvements contre la France coloniale et l’Association des Oulémas qui chercha à préserver l’identité musulmane. Les positions de ces deux forces hostiles au pouvoir colonial évoluèrent au fil du temps et des attaques, directes ou indirectes, pour les affaiblir, les contraindre, les diviser.

La première partie de l’ouvrage s’intéresse aux relations entre religion et pouvoir politique avant 1925. La deuxième partie nous présente la tarîqa ‘Alawiyya fondée au début du XXème siècle par le cheïkh al-‘Alawi, ses maîtres, ses principes, ses valeurs, ses réalisations, ses positionnements face au pouvoir et aux institutions coloniaux. La troisième partie aborde l’histoire et les principes réformistes de l’Association des Oulémas algériens, fondée en 1931. Elle exprima des positions variées notamment en raison de ses composantes parmi lesquelles un courant wahhabite et le mouvement de Jamel al-Dîn al-Afghâni et Mohamed Abdaluh qui en appellent à l’éveil des consciences et des intelligences pour un renouveau du monde musulman. Cependant, les diverses tendances ou nuances se retrouvent dans trois piliers inscrits dans le slogan de l’association : « L’islam est notre religion, l’arabe est notre langue, l’Algérie est notre patrie. ».

Les « Principes et fondements de l’Association des Oulémas » constituent un « modèle idéal des Oulémas porteur d’un islam authentique ». Il se caractérise par la fraternité entre tous les êtres humains, l’appel à la bienfaisance, au partage et à l’unicité. Il précise les fondements d’un islam dégagé de pratiques considérées superstitieuses ou hérétiques (innovantes).

L’Association des Oulémas et la confrérie soufie ‘Alawiyya, partant de position différente, réforme de l’islam pour la première, valeurs traditionnelles soufies pour la seconde, se sont retrouvées dans la défense du peuple algérien, la réelle prise en compte des besoins de la jeunesse et des femmes, et la dénonciation des violences et injustices des institutions coloniales françaises qui en firent d’ailleurs des cibles privilégiées.

Au fil des pages, le lecteur découvre des institutions, des organisations, des mouvements, des journaux, ou encore des personnalités qui nous sont généralement inconnues, mais qui jouèrent un rôle important dans l’histoire algérienne du siècle dernier. C’est une part de la complexité de la sombre période coloniale en Algérie qui s’éclaire grâce à cette étude basée sur des faits historiques, des documents, témoignages et archives. C’est également une démonstration de la nécessité de se saisir du fait religieux pour comprendre les conflits et leurs évolutions.